UNE AUTRE RESSOURCE POUR L'APICULTEUR:L'AIDE A LA POLLINISATION
FRAMBOISIERS
(Rubus ideaus L.) et RONCE (R. fruticosus L.)Les variétés cultivées de framboisier et de ronce ont des fleurs hermaphrodites auto-fertiles, la pollinisation entomophile permet d'augmenter la nouaison, surtout si pendant la floraison les conditions climatiques sont défavorables. De plus, la régularité du fruit dépend du degré de pollinisation des pistils, et donc de l'action des insectes pollinisateurs.
Les fleurs du framboisier et de la ronce sont très attractives pour les abeilles car le nectar est abondant et a une concentration de sucres élevée. La floraison est graduelle, elle se prolonge pendant 2-3 semaines en mai-juin.
Le service de pollinisation s'effectue en introduisant 3 colonies par hectare lorsque 15 % des fleurs sont ouvertes.
GROSEILLIERS
(Ribes spp.)Les espèces cultivées qui appartiennent au genre Ríbes sont le groseillier à grappes (R. rubrum L.), le cassissier (R. nígrum L.) et le groseillier à maquereau (R. grossularía L.) ; leur floraison se situe en avril-mai.
Le groseillier à grappes a des fleurs hermaphrodites auto-fertiles qui sont très attractives pour les abeilles.
Les fleurs de cassissier sont hermaphrodites et ont généralement un faible degré d'auto-fertilité. Le pollen est peu abondant, peu mobile et il n'est pas véhiculé par le vent, donc l'introduction de colonies d'abeilles dans le verger est particulièrement utile.
<---Fruits de groseillier à grappes(photo Manfredini)Le grosseillier épineux peut produire en théorie des fruits par autopollinisation. Toutefois, les fleurs sont protandres, c'est-à-dire que le pollen mûrit avant les ovules (la période de compatibilité est très limitée). De plus, les fleurs sont résupinées (fleurs orientées vers le bas), le vent n'est donc qu'un vecteur médiocre. A cause de ces facteurs la pollinisation entomophile donne de meilleurs résultats.
Dans le genre Ríbes l'utilisation des abeilles favorise la pollinisation croisée, et permet d'obtenir une augmentation de la nouaison, une réduction de la chute des fruits et un accroissement considérable de production.
Les ruches doivent être introduites lorsque 15 % des fleurs sont ouvertes, il faut introdurre 3 colonies par hectare.
MYRTILLIER
(Vaccinium spp.)Les fleurs des espèces de myrtillier cultivées sont hermaphrodites autofertiles. Cependant, si les fruits dérivent de l'auto-pollinisation, les baies présentent un nombre inférieur de pépins, sont plus petites et mûrissent plus tard ; pour obtenir une bonne production au moins deux variétés compatibles sont donc nécessaires dans le verger.
Généralement la pollinisation est effectuée par les insectes et l'attractivité des fleurs varie selon les variétés cultivées. Il est important d'avoir un nombre suffisant d'insectes pollinisateurs immédiatement après l'ouverture des fleurs parce que l'aptitude à produire fruits, de même que l'attractivité des fleurs, est inversement proportionnelle à leur âge et décroit rapidement avec l'avancement de la floraison. La floraison se situe en juin-juillet. Les ruches doivent être introduites lorsque 10 % des fleurs sont ouvertes, le nombre des colonies nécessaires varie de 1 à 5 par hectare (selon l'attractivité des variétés cultivées), la moyenne est de 3 colonies par hectare.
MELON ET AUTRES CUCURBITACEES
Différents types de cucurbitacéesLe melon (Cucumís melo KL.) est une espèce polymorphe qui comprend des variétés monoïques (fieurs mâles et fleurs femelles sur la même plante) ou andromonoïques, ayant des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites (généralement auto-incompatibles) sur la même plante.
La courge (Cucurbíta maxima Duch.), la courgette (C. pepo L.), la pastèque (Citrullus lanatus (Thunb.) Mansf.) et le concombre (Cucumis sativus L.) sont des plantes monoïques ; à cette dernière appartiennent les variétés parthénocarpiques (sans pépins) pour lesquelles la pollinisation doit être évitée. Toutes les autres, au contraire, nécessitent l'action des insectes pollinisateurs, en particulier des abeilles, pour obtenir une bonne production.
Pour les Cucurbitaceae la période utile pour la pollinisation est très brève car la fleur ne reste ouverte qu'un seul jour. Etant donné que le stigmate est réceptif seulement quelques heures et que les granules polliniques sont lourds et difficilement transportables par le vent, l'activité des insectes pollinisateurs est indispensabile. De plus, une pollinisation plus intense permet d'obtenir des fruits ayant plus de pépins et donc une meilleure conformation et une plus grande taille.
Il est possible d'effectuer la pollinisation en ambiance protégée (serre ou tunnel) avec des nuclei (essaims artificiels) composés de 5-6 rayons couverts d'abeilles.
CARACTERISTIQUES GENERALES
Phases | Comment et quand opérer | Précision |
Moment d'introduction des colonies dans le verger | 5-10 % de fleurs ouverts | pour le melon les ruches doivent être introduites dès qu'apparaissent les fleurs femelles |
Nombre de colonies/hectare | 2 | en tunnel introduire un nucleus par 4-5000 m2 |
Disposition des ruches | isolées | placer de préférence les colonies à l'interieur de la culture, l'entrée doit être orientée autant que possible vers le sud-est |
Visites des colonies | hebdomadaires | |
Enlèvement des colonies | à la fin de la floraison | |
Mesures à suivre pour culture sous tunnel |
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FRAISIER
(Fragaria x anassa Duch.)Les variétés cultivées de fraisiers à grands fruits dérivent de l'hybride Fragaria x ananasse Duch, obtenu par le croisement entre deux espèces d'origine américaine : F chíloensis (L.) Duch. et F virgíniana Duch.
Pour la plupart des variétés cultivées la fleur est auto-fertile. Sur une même fleur, les stigmates sont réceptifs avant l'ouverture des anthères (libération du pollen) ; seule une pollinisation croisée (pollen de fleurs plus précoces) est possible. La réceptivité dure environ sept jours, cependant, les premiers quatre jours est la meilleure période pour que le pollen parvienne au stigmate.
L'action des insectes pollinisateurs favorise l'auto-pollinisation, et permet d'obtenir la fécondation de tous les akènes (pépins). Chaque akène contenant l'ovule fécondé diffuse une substance hormonale provoquant le développement du réceptable, qui deviendra le faux fruit charnu qu'est la fraise.
Même si les insectes qui visitent les fleurs de fraisier sont nombreux, seules les abeilles déposent assidûment le pollen sur le stigmate : entraînant une augmentation de la production et une amélioration de la conformation des fruits.
Sur fraisiers cultivés en plein air on doit utiliser des colonies d'abeilles normales, au contraire, en serre ou en tunnel il est préférable d'utiliser des nucléi de 7-10000 individus (5-6 rayons couverts d'abeilles).
CARACTERISTIQUES GENERALES
Phases | Comment et quand opérer | Précision |
Moment d'introduction des colonies dans le verger | 5-10 % de fleurs ouverts | |
Nombre de ruches/hectare | 2 | en tunnel introduire 1 nucleus par 4-5000 m2 |
Disposition des ruches | isolées | placer de préférence les colonies à l'interieur de la culture, l'entrée doit être orientée autant que possible vers le sud-est |
Visites des colonies | hebdomadaires | |
Enlèvement des colonies | à la fin de la floraison | |
Mesures à suivre pour culture en tunnel |
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KIWI
[Actnidia deliciosa (A. Chev.) C.E Liang e A.R. Fergusson]Le kiwi est une espèce dioïque (les fleurs mâles et femelles sont portées par des plantes différentes). La période de floraison des plantes mâles et femelles ne dure que quelques jours.
La pollinisation est effectuée par le vent et les insectes. La part de pollinisation effectuée par le vent n'est pas suffisante, ni en quantité (intensité de pollinisation) ni en qualité (viabilité du pollen). L'arboriculteur doit donc utiliser les insectes poilinisateurs pour compléter l'action du vent.
Le calibre des fruits est un facteur très important pour la rentabilité économique, le nombre de fécondations pour chaque fleur doit être élevé, pour accroître le nombre des ovules fécondés. Avec 300-400 pépins les fruits n'ont qu'un poids de 60-70 g. Avec 800-900 pépins, la dimension du fruit ne s'améliore pas de façon appréciable. Pour obtenir des fruits d'environ 90 g. plus que 1 200 pépins sont nécessaires.
Les fleurs de actinidia sont peu attractives pour les abeilles et les insectes pollinisateurs en général car elles ne sécrètent pas de nectar. Les colonies ne doivent pas être mise en place avant que les fleurs femelles s'épanouissent pour éviter que les abeilles se dirigent vers d'autres sources de pollen ou de nectar. L'activité des abeilles peut être améliorée par l'épandage sur les fleurs de substances attractives (produits spécifiques commerciaux ou solutions de miel et eau (rapport 5:100) à raison de 150-200 l/ha ou l'utilisation de distributeurs de pollen de kiwi. Dans ce dernier cas il est opportun de s'assurer que le pollen soit viable.
CARACTERISTIQUES GENERALES
| Ruche éequipées avec un distributeur de pollen |
Phases | Comment et quand opérer | Précision | ||
Préparation des colonies | enlever les rayons contenant du pollen, ou utiliser des essaimes | |||
Moment d'introduction des colonies dans le verger | 10-15% de fleurs ouverts | |||
Nombre de colonies/hectare | 10 | dans les vergers où le rapport plantes mâles femelles est de 1:7-8 introduire 12-14 colonies /hectare | ||
Disposition des ruches | isolée, 1 tous les 1000 m2 | placer les colonies à l'intérieur du verger, sous une plante mâle | ||
Enlèvement des colonies | à la chute des pétales | |||
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M.Greatti-M.L.Zoratti-Jérôme Trouillier
Da L'Abeille de France n° 832 decembre 1997